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Désinformation ou infox ? France 2 récidive !

15.01.2019

Dans son journal de 13 h du jeudi 9 janvier, France 2 a décidé de traiter une nouvelle fois le sujet des préenseignes pour les restaurants.

Après le reportage « bidonnné » du 5 mars 2018, dénoncé par l’association, on aurait pu espérer un traitement moins partial de l’information.

« Pancartes de nouveau interdites au bord des routes »
Cliquez sur l'image (2 min 10)

Or il n’en a rien été, au contraire !

Voyons cela d’un peu plus près :

Après avoir montré un exemple de préenseignes, la présentatrice nous explique : « Ces dernières années, les règles n’ont cessé de changer... »

FAUX et archi FAUX ! Depuis 1979, la réglementation concernant ces dispositifs a été modifiée une seule fois : en 2010, à la suite de Grenelle de l’environnement.

« et là, une nouvelle interdiction vient d’être décidée »
FAUX et encore FAUX ! Aucune nouvelle interdiction n’a été décidée depuis 2010.

Puis place à l’image avec une voix off qui nous explique :

« Ce fut un répit de courte durée pour les restaurateurs et hôteliers en zone rurale. Autorisés par dérogation à installer ce genre de préenseignes pour signaler leur établissement, ils vont à nouveau devoir les retirer »

FAUX et encore FAUX ! Avant le 13 juillet 2015, les restaurateurs et hôteliers pouvaient installer 4 préenseignes (dites dérogatoires) hors agglomération. Depuis cette date, elles sont interdites. Alors, de quel « répit » parle-t-on ? Pourquoi devraient-ils les retirer « à nouveau » puisqu’ils sont censés l’avoir déjà fait ?

Enfin, un exemple pour que le téléspectateur comprenne mieux :

« Pour ce patron d’un restaurant près d’Orléans, c’est une injustice. Des panneaux indiquant des supermarchés gardent leur dérogation et le sien installé juste avant sur la route est interdit », commente la voix off.

FAUX et toujours FAUX ! Le panneau indiquant un supermarché ne « garde pas sa dérogation » puisqu’il n’en a pas.

Le journaliste se borne donc à relayer l’allégation mensongère du patron de « l’Auberge de Vienne » et ne vérifie rien.


« Par dépit, il finit par enlever ses panneaux avant de les réinstaller cette année quand la loi l’y autorise à nouveau », ajoute la voix off.

FAUX et désespérément FAUX ! La loi ne l’y autorise pas. L’amendement déposé par le député Ramos visant à autoriser de nouveau ces préenseignes faisait partie d’un article de la loi Elan. Or cet article a été annulé par le Conseil Constitutionnel !

Si le journaliste sur place avait fait correctement son travail, il aurait filmé la SIL (signalisation d’information locale) placée quelques dizaines de mètres après la préenseigne du restaurateur et dont la première barrette concerne... « L’Auberge de Vienne » ! Et cette information aurait dû être apportée et commentée !

Puis la parole est donnée au député Ramos. Très énervé, il clame : « On a des restaurants qui ferment les uns après les autres dans la ruralité ».

Le député Richard Ramos

Si le journaliste avait été un peu curieux, il aurait découvert le projet d’article de loi du député, article qui propose tout simplement de rétablir les préenseignes hors agglomération pour tous les restaurants et dans toutes les communes de France. Y compris donc pour les chaînes de restauration rapide et cafétérias de supermarchés…

Un article de loi qui, sous couvert de défendre les restaurants de pays, aboutirait à noyer les préenseignes de ces derniers sous le flot de celles des chaînes de restauration, de la malbouffe et des grandes surfaces !

Et pour contester toutes ces contrevérités : personne. Tout juste la position des associations environnementales expédiée en…10 secondes.

- Comment un sujet peut-il comporter autant de fausses informations ?
- Que veut-on que le téléspectateur retienne de tout cela ?
- France 2 est-elle à la merci de groupes de pression (dans le cas présent, celui de l’hôtellerie-restauration et, en l’occurrence, d’un syndicat qui fait feu de tout bois depuis des mois) ?
- Ou bien est-elle le porte-voix d’élus eux-mêmes sous la coupe des lobbies ?
- Cette télévision de service public a-t-elle pour mission de désinformer les citoyens ou de les d’informer ?
- N’a-t-elle plus les moyens d’offrir à ses journalistes des conditions de travail leur permettant de prendre le temps d’étudier un peu sérieusement un sujet avant d’interroger les intéressés ?
Si tel est le cas, qu’elle renonce à faire de tels reportages !

Et pour terminer

Paysages de France a été contactée le 30 novembre 2018 vers 10 h30 par France 2 pour une interview le jour même sur ce sujet, si possible à Paris. 

L’association a immédiatement proposé une interview par téléphone ou une rencontre avec le porte-parole de Paysages de France vers 13 h 30 à Paris le jour-même.
Or aucune de ces propositions n’a été retenue (pas d’interview par téléphone et, pour filmer, il fallait que ce soit avant midi).
Le sujet n’a pas été traité le 30 novembre sur France 2, ni les jours suivants à notre connaissance.
Et, par la suite, France 2 n’a plus jamais cherché à joindre l’association.

Peut-on encore parler d’information ?