Paysages de France
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Quand le service public manipule l’information…

07.03.2018

Voici quelques jours, l’Union des Métiers de l'Industrie de l'Hôtellerie (UMIH) a lancé une vaste campagne pour que les préenseignes dites « dérogatoires », interdites depuis le 13 juillet 2015, soient à nouveau autorisées.

Le sujet a été traité le 5 mars 2018 par France 2 au JT de 13 H.

Reportage vidéo France 2 du 5 mars 2018 
(sur la position de Paysages de France concernant la signalisation des hôtels et restaurants "de pays", voir ici) 

Paysages de France se voit hélas obligée de rétablir la vérité des faits, largement tronquée dans le reportage au point que l’on est en droit de s’interroger sur ce qui a pu conduire la chaîne à désinformer à ce point le public et à masquer (au sens propre du terme) la vérité.

En effet, à aucun moment du reportage il n’est indiqué qu’une signalisation officielle existe et a été mise en place à l’endroit même où a lieu le tournage.

Pourtant, juste à côté du panneau dont le démontage est filmé, il y a précisément tout ce qu’il faut pour indiquer, officiellement et légalement cette fois-ci, les activités locales, autrement dit des panneaux de signalisation d’information locale (SIL).

Capture d’écran Google Street View

Sont ainsi notamment signalés :
- un maçon,
- un potier,
- une alimentation,
- deux gîtes,
- un artisan peintre,
etc.

Mais on ne nous montre pas ces panneaux-là !

Pire, le panneau que l’on démonte :
- était doublement illégal, car installé en violation du code de l’environnement, mais également de façon « sauvage » sur le domaine public sans autorisation !
- portait préjudice aux autres commerçants en leur faisant une concurrence déloyale !

Et rien de cela non plus n’est dit.

Quant à la SIL, pas un mot non plus, pas une seule explication, pas une seule image.

Le reporter se lance alors à la recherche de la fameuse crêperie. Premier réflexe : utiliser le GPS de la voiture pour la trouver. Voix off : «  Et sur notre GPS impossible de la situer »

Capture d’écran journal France 2

Pourtant, sur un vulgaire téléphone portable de base, il suffit de taper « la chaumière hirel » pour voir s’afficher ceci :

Ne reste plus qu’à cliquer sur un bouton pour nous guider jusqu’au restaurant !

Une recherche en tapant « creperie hirel » nous propose même les différentes crêperies situées à proximité.

Le service public est-il arrivé au point de ne pouvoir fournir un téléphone portable à ses reporters ?

À un autre moment du reportage, la voix off indique «  Sa crêperie est un peu à l’écart de la route touristique », avec, pour illustrer le propos, la pleine campagne filmée de l’intérieur d’une voiture.

On imagine donc la crêperie isolée au milieu des pâturages.
Que nenni ! La crêperie en question est à 60 m de la route touristique longeant la côte, en plein centre du village.

Et un petit scoop pour terminer !

Sur la lettre reçue par la restauratrice, on peut lire « Par ailleurs ce panneau nuit à la bonne visibilité des usagers dans le carrefour [mot caché] par conséquence, à la sécurité des usagers.»

Vous cherchez des informations fiables ?
Vous avez du mal à trouver une crêperie ?

Pensez plutôt à Paysages de France !

Reportage vidéo France 2 du 5 mars 2018
La position de Paysages de France :
Deux organisations professionnelles de l’hôtellerie et de la restauration viennent de lancer une campagne pour demander « le rétablissement des préenseignes dérogatoires pour les cafés, hôtels et restaurants ». 
Pour Paysages de France, s’il faut mettre fin au plus vite au spectacle affligeant qu’offrent souvent les entrées de ville à la française (voir l’intervention de l’un des représentants de l’association pour la Bretagne), la question de la signalisation de certains restaurateurs et hôteliers indépendants implantés dans les petits villages ou en pleine campagne mérite non pas une polémique, mais un dialogue constructif. Car les solutions existent. 
Dresser ces acteurs économiques « de terroir » contre les défenseurs du paysage et du patrimoine serait absurde car les intérêts sont absolument convergents. Mieux, ces professionnels ont un rôle essentiel à jouer pour que les paysages ruraux ne soient pas de simples décors sans vie !