15.04.2024
DEFINITION :
Agrivoltaîsme = Photovoltaïque sur des terres agricoles naturelles et forestières.
RECTO
Un rapport produit par un groupe de chercheuses et chercheurs du CNRS et de la Fédération de recherche du photovoltaïque(1) traduit bien l’absence de consensus sur l’inéluctabilité d’un expansionnisme solaire sur les terres agricoles : les surfaces déjà artificialisées telles que les toitures, les friches industrielles ou ombrières de parking pourraient permettent d’atteindre une production photovoltaïque à la hauteur des scénarios les plus ambitieux de RTE à l’horizon 2050
VERSO
Un rapport de la Commission Européenne sur les potentiels et les défis de l’agrivoltaïsme en Europe(2) pose en introduction que « bien qu’une capacité considérable puisse être installée sur les toits, dans les zones urbaines, sur les friches industrielles et sur les infrastructures, environ 50 % [de la capacité à produire] devrait être issue de systèmes installés au sol sur des terrains situés dans des zones agricoles ». Ce mystérieux chiffre de 50 % fait autorité, et pourtant il provient, selon le rapport... du lobby Solar Power, dont les membres ont avantage à installer des systèmes au sol, moins complexes et donc moins coûteux à installer qu’en zone urbanisée.
NOTRE POSITION
L’urgence est d’évaluer et de comparer les systèmes photovoltaïques urbains et ruraux, non seulement en termes de rendement énergétique mais aussi en tenant compte de l’ensemble des bénéfices et impacts qu’ils peuvent impliquer : sur la biodiversité, les sols, le stockage de carbone, le cycle de l’eau, tout cela en lien avec les paysages.
Et il faut bien sûr inclure les enjeux socio-économiques :
proximité avec la demande, autonomie des usagers où qu’ils soient, adaptation au changement climatique pour les humains, les animaux, les plantes, partage de la valeur ajoutée entre les agriculteurs et acteurs de la filière énergie, effet sur la pression foncière, etc.
Pour ceux d'entre nous qui ne côtoient pas le monde agricole (3) : , les loyers ne sont pas encadrés, et un propriétaire de terrain pourra recevoir entre 2k€ et 4 k€ par hectare et par an, selon le lieu, et.... l'on voit apparaître une surenchère... 5 k€, 8 k€, 10 k€ par hectare et par an.
LE CNRS SOULIGNE LES LIMITES
Ainsi l'une des inquiétudes citées dans le rapport du CNRS :
"La limite de [ l'agrivoltaïsme] est qu’elle peut faire entrer en compétition les productions agricoles et énergétiques. Une telle confrontation serait exacerbée par la différence des loyers proposés par unité de surface, estimés au moins 10 fois plus élevés pour une installation photovoltaïque. Cette différence risque d’entraîner une augmentation du coût de location des terres, mettant en péril l’équilibre économique de certaines activités agricoles" p.51 du rapport
Anecdotique ? La FNSEA s'est rapprochée de France Agrivoltaïsme, principal lobby du secteur en France
CONCLUSION et réglementation
Après 1 an de lobbying de la FNSEA et des industriels de la filière, le 9 avril 2024, le décret encadrant l'Agrivoltaïsme a été publié ....
Ce qu'il faut retenir : Jusqu’à 40 % de la surface agricole peut être couverte de panneaux solaires. Cette surface inclut prairies et espaces boisés.
Il est envisagé une surface témoin, et la perte de production alimentaire due à l’ombrage des panneaux devra se limiter à 10 % par rapport à cette surface témoin.
Mais, cette surface témoin ne sera pas systématique (dérogations, flou...)
Le décret est salué par France Agrivoltaïsme, principal lobby de la filière.
SOURCES :