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Saint-Sulpice sous le feu d’une « katioucha » publicitaire

25.05.2020

Il faut le voir, le soir, place Saint-Sulpice, ce panneau ExterionMedia (ex-CBS Outdoor). Un panneau qui fait de l’ombre à l’un des monuments majeurs de Paris, l’église Saint-Sulpice. La plus grande de la capitale. Presque aussi célèbre, presque aussi vénérée que Notre-Dame de Paris, aussi bien par « celui qui croit au ciel » que « celui qui n’y croit pas ». Et l’on comprend que le jeune président de l’association Sites & Monuments ait bondi à la vue de ce scandale.
Comme si de tels panneaux ne faisaient pas suffisamment de dégâts – directs, et pire encore, indirects sur l’environnement et la planète –, il faut donc qu’on les autorise même là où ils sont interdits !

Photo "Sites et monuments"

Car – qui le sait ? – un tel panneau, comme des centaines d’autres à Paris (et des dizaines de milliers ailleurs), n’est là que parce qu’un maire a décidé de défaire, dans son propre règlement, les mesures de protection instaurées par le Code de l’environnement.

En effet, en l’absence de règlement, et donc de dérogation prise dans le cadre d’un règlement local de publicité (RLP), 80 % du territoire de la capitale serait de facto protégé. Et cela encore, qui le sait ?

Il est donc plus que jamais temps aujourd’hui, alors que les effets délétères de l’affichage publicitaire vont bien au-delà de la seule agression « visuelle », de réviser le RLP de Paris.

En l’occurrence d’abroger une dérogation qui revient à faire le choix de polluer au lieu de protéger. Mais aussi de prendre, dans le cadre du futur règlement, les mesures permettant de protéger au mieux les lieux et quartiers qui ne le sont pour ainsi dire pas par la réglementation nationale et qui le sont très insuffisamment par le RLP actuellement en vigueur.

Il faut que le gouvernement et les maires cessent d’escamoter la question cruciale de l’affichage publicitaire

L’environnement est l’un des enjeux majeurs du 2e tour des élections municipale à Paris. Tout le monde le dit, tout le monde le sait.

Or aujourd’hui, l’urgence climatique frappe à la porte, les mouvements pour le climat se multiplient, la jeunesse prend la parole et la question cruciale de l’affichage publicitaire n’a pas échappé aux 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat, décidée par le président de la République. Ces derniers demandent que, dès 2023, les panneaux publicitaires soient interdits dans "les espaces publics extérieurs" et limités à l'information locale et culturelle (France info 11 avril 2020 ; Le Monde 14-15 avril 2020). Une prise de conscience, qui n’est pas sans lien non plus avec l’énorme travail de fond conduit depuis un quart de siècle par Paysages de France et Résistance à l’agression publicitaire.

Il est donc urgent que les questions « brûlantes » que pose l’affichage publicitaire et que posent les associations Paysages de France et Résistance à l’agression publicitaire cessent enfin, sur ce plan, d’être escamotées par les politiques, à commencer par les maires. Et, bien évidemment, par le premier d’entre eux, celui de Paris.
Une chose est sûre, nos associations seront intraitables à l’égard de celles et ceux qui, sur ce plan, s’obstineraient à rester sourds et aveugles – à commencer par la ou le futur maire de Paris, qui se doit plus que tout autre de montrer la voie.