18.01.2020
Communiqué des associations Paysages de France et Sites & Monuments (SPPEF)
Contact : 06 82 76 55 84
Le Mans-Métropole : le projet de RLPi va à l’inverse de tout ce qu’une collectivité se doit de faire en matière d’environnement
Le 14 mars 2019, une délégation de Paysages de France rencontrait, à la demande de l’association, Catherine GOUHIER, vice-présidente chargée du RLPi. Malgré les efforts déployés pour aborder les problèmes de fond, la vice-présidente, pourtant d’accord sur l’essentiel avec l’analyse de ses interlocuteurs, s’était alors bornée à faire état de sa totale impuissance politique.
La balle est donc plus que jamais dans le camp de Stéphane Le Foll, qui jusqu’à présent ne s’est jamais manifesté. Stéphane Le Foll peut-il continuer à garder le silence et ne rien faire ?
Maintenir en l’état ce projet anti-environnemental serait politiquement calamiteux.
C’est pourquoi les associations de défense de l’environnement lui lancent un ultime appel. Elles lui demandent de surseoir au vote du projet et de les recevoir d’urgence.
Quelques exemples de ce qui est le contraire de ce qu’il faut faire :
Urgence climatique ? Le projet propose de jeter de l’huile sur le feu
« La transition écologique » est présentée par la métropole comme un « enjeu majeur pour Le Mans ».« C’est la multiplication des actions individuelles combinées aux démarches mises en œuvre par les collectivités qui permet de lutter contre le dérèglement climatique …] chacun à son niveau, par des petits ou des grands gestes », peut-on lire dans les plaquettes de la métropole.
Or que propose de faire la « collectivité » dans le cadre du futur RLPI ? Ni plus ni moins d’organiser l’installation massive de publicités, qui plus est lumineuses, motorisées, défilantes sur les voies publiques elles-mêmes (trottoirs), c’est-à-dire des espaces qui dépendent directement de sa responsabilité !
Ainsi, alors que la métropole demande aux citoyens de multiplier « les petits gestes » (à « chacun », par exemple, d’ « opter pour les piles réutilisables »…) en faveur de l’environnement et de la transition écologique », elle multiplie quant à elle les « grands gestes » et même les gestes « énormes » CONTRE l’environnement.
Devoir d’exemplarité ? Le projet est l’exact contre-exemple de celui que doit donner une collectivité
C’est même un contre-exemple ostentatoire de tout ce qu’il convient de faire en la matière qu’elle se propose de donner !
En prévoyant l’installation par centaines de dispositifs lumineux et numériques et donc de l’exemple même d’un gaspillage énergétique effréné.
En participant ainsi directement et massivement à l’incitation permanente à consommer toujours plus. Cela bien que plus personne n’ignore aujourd’hui que cette perpétuelle et omniprésente incitation, jusque sur les voies publiques[1] constitue l’un des facteurs aggravants majeurs de la destruction des ressources de la planète. Que ce « harcèlement publicitaire » est aussi un accélérateur de catastrophes environnementales et sanitaires. Comme ce « 7e Continent », formé par un amoncellement exponentiel de déchets. Comme la contamination de la chaîne alimentaire par les nanoplastiques, qui, selon le rapport parlementaire alarmant rendu le 4 décembre 2019 par la mission sur les perturbateurs endocriniens présents dans les plastiques[2], est un « enjeu majeur de santé publique ».
Sur les trottoirs des publicités d'une surface 4 fois plus grande qu’à Paris !
Car le ce projet ne recule devant rien : non seulement il ferait des trottoirs le support principal de l’affichage publicitaire et donc de la collectivité le responsable direct de cet « accélérateur de catastrophes », mais sur la majeure partie du territoire où une telle possibilité n’est pas strictement interdite sans dérogation possible, ces publicités :
1. auraient un surface quatre fois supérieure à la surface maximale autorisée par le RLP de Paris ;
2. pourraient être numériques et du format maximum admis par la loi, c’est-à-dire d’une agressivité décuplée et dévoreuses d’énergie.
Protection du patrimoine ? Le projet propose de faire voler en éclats les protections instaurées par le Code de l’environnement !
Le projet de RLP se propose également de rayer d’un trait de plume, à une exception près, les dispositions protectrices de l’article L. 581-8 du Code de l’environnement.
Ce serait non seulement le cas du secteur patrimonial remarquable (SPR) d’Allonnes, mais aussi de tous les périmètres de protection (de 500 mètres2 et non plus 100) autour des monuments classés et inscrits.
Un seul est unique secteur échapperait pour l’essentiel[3] à ce jeu de massacre, et pour cause : celui englobant la Cité Plantagenêt !
« Label » patrimoine mondial UNESCO ? Le projet de RLPi est à des années lumières de ce que le minimum de décence demande de faire
À vouloir tout et son contraire, en l’occurrence décrocher un label patrimonial ici pour défaire ailleurs les protections dont bénéficie normalement le patrimoine, ce projet compromet la candidature au label UNESCO.
Comment en effet, une tel label pourrait-il être attribué dans de telles conditions sinon au risque de perdre à son tour de sa crédibilité ?
Il n’est évidemment pas question pour les associations de laisser faire tout et n’importe quoi en la matière : si nécessaire, elles veilleront au grain.
Respect du principe d’équité ? Le projet est une machine à aggraver les inégalités entre citoyens d’une même communauté !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la majeure partie du territoire des communes d’Allonnes et du Mans est, à quelques détails près, soumise aux règles les plus laxistes prévues par la loi. Autrement dit, à quelques nuance près, le RLPi ferait subir aux populations qui y résident la pollution maximale qu’il soit possible d’infliger.
Inversement, les habitants des 8 communes où la réglementation nationale limite sans possibilité de dérogation les débordements que l’on peut observer ailleurs seront, de toutes manières, nécessairement protégées de la plupart des pires nuisances engendrées par l’affichage publicitaire, cela sans que le RLPi n’y soit pour quoi que ce soit.
Et en plus, un projet entaché d’illégalité
Restent les dispositions entachées d’illégalité, que ce soit notamment l’autorisation de panneaux publicitaires sur les trottoirs de 8 communes dans lesquelles la publicité scellée au sol est interdite ou encore l’intégration dans des zones de publicité de secteurs où elle ne peut être autorisée.
Urgence politique
De deux choses l’une : ou bien Le Mans Métropole sera un contre-exemple majeur de ce qu’une collectivité peut et doit faire au regard de l’urgence climatique, et ça se saura.
Ou bien le président LE FOLL sort de son silence et reprend les choses en main avant qu’il ne soit trop tard.
À lui de choisir.
[1] Et, dans les « abribus », à quelques dizaines de centimètres seulement du regard des « cibles » que sont, selon la terminologie en usage chez les des publicitaires, les victimes du phénomène, les voyageurs !
[2] Le Monde du 5 décembre 2019. Rapporteuses : Claire Pitollat (LReM) et Laurianne Rossi (LReM).
[3] À deux exceptions près, toutes deux entachées d’illégalité (article 3.1.6. et 3.1.7. du projet) !